Le contexte
La prise en compte des ressources naturelles n’est pas une lubie récente des économistes, toutefois, la prise de conscience de la fréquence et de l’intensité des problèmes environnementaux globaux à traiter, a convergé pour dessiner un domaine autonome de l’économie. La question de l'économie de l'environnement est devenue une préoccupation majeure pour tous les pays. Reconnue comme un outil du développement durable, elle concerne tous les secteurs de l'économie. La définition tout comme la mise en œuvre de l'économie de l'environnement est assez variable d'un continent ou d'un pays à un autre.
Photo: Almin Zrno / Banque Mondiale , Jeune pêcheur avec sa prise sur le Fleuve Neretva en Bosnie-Herzégovine
En 2009, le rapport de la Commission Stiglitz, Sen et Fitoussi sur la mesure des performances économiques et du progrès social a souligné l'insuffisance des instruments classiques de mesure du bien-être actuel et a posé les conditions de sa préservation pour les générations futures. La dégradation ou la restauration des écosystèmes ne sont malheureusement pas prises en compte ni dans la richesse des nations, ni dans les échanges économiques internationaux, rendant incomplète la mesure des performances économiques et des progrès sociaux dans une perspective de développement durable.
Il s’agit de créer des possibilités d'emploi et de travail décent pour tous, tout en préservant les biens et services écosystémiques.Les politiques et les mesures d'incitation économique des dernières décennies ont contribué à la dégradation excessive du capital naturel et à une augmentation considérable des risques environnementaux. Les avantages, en terme d'emplois et revenus, générés par ces modèles économiques ont été largement insuffisants pour compenser les coûts liés aux externalités sociales et environnementales, d'autant plus que ces coûts, non pris en compte par le mécanisme de marché, sont souvent assumés par les couches de population les plus défavorisées ou par les pays les moins outillés en terme de réglementation environnementale et sociale. La transition vers un nouvel ordre économique qui a été placée au centre des discussions de la Conférence Rio + 20 en 2012, apparaît comme l'un des moyens les plus précieux dont dispose les pays et la communauté internationale pour parvenir à une croissance dans une perspective de développement durable et d'élimination de la pauvreté et des inégalités sociales. Il s’agit de créer des possibilités d'emploi et de travail décent pour tous, tout en préservant les biens et services écosystémiques, par l’allocation efficace des ressources au bénéfice des générations actuelles et futures.
Par ailleurs, la Stratégie économique pour la Francophonie adoptée au Sommet de la Francophonie en novembre 2014 à Dakar met en évidence la nécessité de concilier croissance économique, lutte contre la pauvreté et les inégalités, sauvegarde du capital naturel et réduction de la vulnérabilité face aux changements climatiques et autres risques environnementaux. Dans ce contexte généralisé, l'Institut de la Francophonie pour le développement durable soutient des actions de renforcement des capacités et d'accompagnement en économie de l'environnement pour les pays francophones afin de mettre en place les conditions favorables à une croissance économique durable et inclusive dans les pays francophones.
Le chômage des jeunes, persistant ou accentué par les crises économiques, met cette frange importante de la population dans une situation de précarité qui menace l'équilibre social.L'espace francophone est doté d'immenses richesses naturelles, mais confronté au caractère épuisable de ses ressources et aux effets des changements climatiques. Plusieurs pays francophones sont en développement et ont besoin de dynamiser leurs économies par une croissance durable. Le chômage des jeunes, persistant ou accentué par les crises économiques, met cette frange importante de la population dans une situation de précarité qui menace l'équilibre social. Le modèle de croissance traditionnelle a montré ses limites et menace l'équilibre de nos écosystèmes. Dès lors, il devient important de prendre en compte et de promouvoir la valeur des ressources tirées de la biodiversité et des écosystèmes. L’espace francophone possède ainsi un potentiel important pour l'économie de l'environnement. Du fait de la richesse de cet espace, plusieurs secteurs peuvent être pris en compte et un accent sur la biodiversité est justifié.
Aussi, l'économie de l'environnement est une opportunité d'accélération de la croissance durable. Toutefois, bien que suscitant beaucoup d'espoirs, la mise en œuvre de cet outil nécessite encore des efforts à faire à tous les niveaux. Son appropriation par les institutions de formations universitaires, les étudiants, les planificateurs, les entrepreneurs et les acteurs du développement est une condition fondamentale de la transition vers une croissance durable.
La composante « économie de l’environnement » vise donc à soutenir les démarches de transition vers des économies durables, protectrices du capital naturel, génératrices de revenus et d'emplois décents pour tous, dans une perspective d'élimination de la pauvreté et de gestion durable de l’environnement.